Petit zabrak devient grand

Les cris de la foule se répercutaient inlassablement dans les alcôves sombres et humides de l'arène, la voix du commentateur légèrement au-dessus du brouhaha. Les trois combattants rassemblés dans la petite pièce, démarquée par deux grandes grilles et les murs vétustes, n'échangèrent pas un seul regard. Ce n'était pas leur premier combat, pour aucun d'entre eux. L'agitation du public dans les gradins faisait trembler le sol, Vaelfar en ressentait la moindre vibration le long de ses jambes. Concentré, il maintenait sa tête appuyée sur ses deux poings serrés et joints, le regard dans le vide.

Ce serait la vingt-troisième fois qu'il participerait au divertissement local. Après avoir été capturé par des pirates, puis revendu à un hutt, il en était devenu le jouet favori. Un jeune zabrak combatif, hargneux et déterminé, n'ayant pas peur de tuer pour sa propre survie. Il n'avait aucune idée de comment se sortir de cette situation, et ses geôliers ne lui laissaient guère le temps d'y réfléchir. Alors il se contenter de se battre, encore et encore, et de s'entraîner, toujours plus durement.

Des luttes fantoches aux vrais combats à mort, il avait eu le temps de goûter à une bonne partie de la palette des plaisirs attendus de lui. Cette fois, c'était un affrontement en équipe contre des créatures sauvages. Il pouvait compter sur ses aptitudes physiques, son vibroglaive et pourquoi pas ses cornes.

Le silence se fit lorsque le maître des lieux, limace de son état, prit la parole. Vaelfar ne prit pas la peine de l'écouter, c'était toujours la même rengaine : merci d'être venu, vous allez vous amuser, et n'oubliez pas les paris ! Lui et ses deux compagnons ne relevèrent les yeux et se décrispèrent que lorsque la grille donnant sur l'arène se leva, lentement et en grinçant.

Ce qu'ignorait le trio, c'est que contrairement à d'habitude, les bêtes avaient déjà été lâchées, et elles attendaient en silence que leurs proies sortent bien gentiment. Le premier challenger à s'avancer fut presque aussitôt fauché par une créature à l'apparence canine, au poil ras. Vaelfar n'avait encore jamais rencontré une telle espèce, mais il se souviendrait longtemps de ces yeux rouges emplis d'une soif de sang et de chair indescriptible. Profitant que les animaux soient trop occupés à déchiqueter le pauvre humain, les deux autres prirent position dans l'arène.

Sans qu'il ne comprenne trop pourquoi, toute la meute se trouva fort intéressée par le zabrak. Les bêtes agitaient vivement leur queue, s'en servant visiblement comme de dard, Vaelfar en déduisit rapidement qu'il valait mieux éviter tout contact avec cette partie de leur corps. Aboyant fortement pour l'intimider, il ne se laissa pas impressionner et prit à coeur son rôle d'appât, laissant son camarade contourner les créatures pour trouver un bon angle d'attaque.

Le rattataki s'élança férocement en hurlant, et trancha de manière impressionnante trois des vornskrs avant que ceux-ci ne réagissent. Bien qu'effrayants et agiles, ces prédateurs s'avéraient faibles, ce qui gonfla la confiance du zabrak, mais celle-ci retomba bien vite quand son dernier soutien se fit mettre en pièces par les attaques rapides et précises de ces chiens cauchemardesques. Mais avant de tomber, le fier combattant avait réussi à vaincre deux autres des créatures, ce qui n'en laissait plus que trois dont Vaelfar allait devoir s'occuper seul, et sans effet de surprise.

De chaque côté, on s'observa. Les vornskrs reniflaient fortement en sa direction, le jeune zabrak ignorant la particularité de ces étrangetés, sensibles à la Force. L'une d'elles bondit en avant, gueule grande ouverte, laissant largement apparaître ses crocs pleins de sang. Vaelfar fit une roulade et projeta son bras droit en avant, embrochant l'impatiente qui s'empressa de crier sa douleur et de se dégager, embarquant l'arme dans sa retraite. Mais elle était condamnée et s'effondra quelques instants plus tard.

Désarmé, Vaelfar n'avait plus beaucoup de choix pour venir à bout des deux derniers prédateurs qui commençaient à lui tourner autour en claquant leurs mâchoires. Se remémorant les enseignements de son père, sur Iridonia, il prit une pose martiale. Calmement, il tournait son corps pour garder un angle correct face aux deux monstres. Jambes légèrement fléchies, bras en équerre et mains droites, il se concentra sur le rythme de sa respiration.

Ayant retenu la leçon de leur congénère, les deux derniers vornskrs attaquèrent de concert, l'un tentant de le mordre et l'autre de l'empoisonner avec sa queue. Vaelfar se déplaça alors avec précision, décollant à peine les pieds du sol, glissant plus qu'il ne marcha, esquivant de justesse la fouet paralysant, et vint frappe du bout de ses doigts joints l'une des créatures à la gorge.

Tandis que celle qu'il avait esquivé se ramassait et se retournait, l'autre bête fut stoppée dans son élan. Sa gueule se referma dans le vide et dans un couinement de douleur, puis elle se retrouva sur le dos, les os du cou brisés. Gesticulant quelques secondes, elle mourut étouffée par son propre sang. Reprenant confiance, le zabrak fit face à son dernier adversaire, qui n'était plus tout à fait motivé pour attaquer.

Tiraillé par la faim, et attiré par cette semblance d'odeur de Force que dégageait le jeune morceau de viande, l'animal passa tout de même à l'assaut. Toujours aussi précisément, Vaelfar se décala de côté et frappa cette fois la créature sur le côté, mais toujours à la gorge. Celle-ci connu alors le même sort que son prédécesseur. La foule, restée silencieuse durant ces derniers moments, éclata en cris et éructa de joie.

Parmi les badauds, un homme, un humain, restait silencieux et fixait le zabrak qui, accusant le contre-coup de l'adrénaline et de la pression, s'était effondré à genoux, tremblant comme une feuille. L'individu s'approcha du hutt organisateur des divertissements pour lui proposer un marché.

- Jee vopa bedwana bu peedunkee. (Je voudrais acheter ce garçon.)
- Cha skrunnee do pat, hees pee champio. (N'y pense même pas, c'est mon champion.)
- Haku pushee bu nek ? (Même si je le bats ?)
- Tinka uba kav ? Hah ! Bola, koochoo. (Tu crois y arriver ? Hah ! Essaie, idiot.)

Ce qu'ignorait la limace, c'est que cet homme à l'allure faible était un sith, le Darth Treh'menh Soloran. Lui seul dans toute l'assemblée avait comprit pourquoi les vornskrs s'étaient autant intéressés au zabrak, et avait cru reconnaître l'habilité martiale employée. Concluant un contrat avec le hutt, il convint que s'il gagnait contre Vaelfar, celui-ci serait sien, évitant bien entendu d'évoquer son identité et ses propres capacités. Nul besoin de préciser que le duel fut de courte durée, et que bien qu'accusé de tricherie, le sith s'en retourna avec son nouvel élève : direction Korriban.

Le maître de Vaelfar n'était pas un sith puissant, mais il avait vécu longtemps et possédait un savoir immense, il avait su se construire une sphère d'influence confortable et, depuis, s'attachait à observait ses congénères, intervenant rarement mais toujours de manière très perfide et efficace. Il avait prit le parti de partager son savoir, en instruisant la philosophie et l'histoire sith à l'académie de Korriban.

Après plusieurs années de formation, le jeune zabrak avait pu développer ses aptitudes avec la Force, bien que celles-ci restaient assez faibles, ainsi que son esprit et son sens critique, tout en améliorant ses capacités physiques déjà solides. Son maître le laissa même retourner auprès de sa famille, afin qu'il termine d'apprendre l'art martial ancestral que son père avait commencé à lui enseigner.

Devenu malin et fort, Vaelfar se fit le bras armé d'un seigneur sith raffolant de complots. Influencé par son maître et impressionné par un autre sith, doyen de l'académie à l'époque et également un grand esprit doublé d'un puissant combattant, le Darth Kyle Irkos, officiant en parallèle comme fondateur et dirigeant de la corporation AquilaPharma.

Prenant son indépendance, et son maître n'ayant plus rien à lui apprendre, Vaelfar obtint finalement le rang de Seigneur à part entière. Enseignant le maniement du sabre et la lutte martiale à l'académie, il se détacha de plus en plus du Darth Soloran et commença à travailler en coopération avec le Darth Irkos.

Il participa notamment aux recherches sur une nouvelle arme bactériologique, dans l'optique d'en faire une arme utilisable depuis l'orbite d'une planète. Toutefois, ces recherches, initiées sur Taris, complexes, sont encore en cours à ce jour, mais la dissolution de la corporation AquilaPharma les a drastiquement ralenties.

Pendant de nombreuses années, Vaelfar s'adonna au perfectionnement de sa maîtrise du sabre laser et s'intéressa aux luttes de pouvoir. Se démarquant lors de fortes tensions entre la République et l'Empire sur Voss, il gagna la confiance de plusieurs de ses pairs. C'est également à cette époque qu'il se rapprocha de plusieurs cellules clandestines, en marge de l'Empire et des cartels hutts, et commença à constituer sa propre force armée.

Il dédia la décennie qui s'en suivi à défendre son idéologie d'une force militaire tirant profit d'une grande mobilité et polyvalence. Ses ambitions dérangeant, il passa à l'action, seul. Handicapant les transports républicains dans tout le secteur Savareen, notamment aux abords du système Tythe, et perturbant en partie la Passe Corellienne. Bien qu'ayant démontré l'intérêt d'une flotte nomade, capable de se déplacer constamment et de réaliser des frappes rapides, son succès s'acheva lorsqu'il fut prit tout particulièrement et personnellement en chasse par le chevalier jedi Irio Dzen. Entre temps, et parce qu'il avait participé à l'affaiblissement de la République sans jamais entacher l'Empire, et pour ses autres actes passés et son influence établie, ses divers soutiens lui permirent de revendiquer le titre de Darth.

Ne pouvant plus maintenir le rythme seul, Vaelfar préféra se concentrer sur la lutte avec son nouveau rival, allant même jusqu'à délaisser son apprentie d'alors, la jeune Evlina. Il disparu alors pendant de nombreux mois, mais revint, victorieux. Sa disparition avait toutefois eu raison de ses efforts passés, mais pas de sa détermination. Reprenant la formation de son apprentie, il prit le temps de recomposer une partie de sa force armée.

En parallèle, Vaelfar revint donner occasionnellement des cours à l'académie de Korriban, sous la proposition d'une ancienne connaissance, Darth Kilmera, et fut également le professeur privé d'apprentis d'autres sith à la demande de ceux-ci. Tout cela dura de longues années, Vaelfar refusant catégoriquement de rejoindre toute organisation impériale et préférant rester, à l'image de son ancien maître désormais mort, en marge de l'Empire. Il ne participa que de rares fois à des opérations militaires, conservant toujours un oeil sur les territoires impériaux, se tenant informer par l'intermédiaire de son ancienne apprentie.

Lorsque l'Empire Éternel est venu troubler l'équilibre de la galaxie, si tant est que la situation puisse être qualifiée ainsi, Vaelfar participa à l'effort de guerre, et joignit ses propres forces aux principales impériales. N'échappant pas à la règle de la débâcle, son croiseur lourd "Résilience" fut lourdement endommagé et il perdit de nombreux chasseurs et bombardiers, ainsi que beaucoup de ses hommes. Défait, Vaelfar se réfugia avec le reste de ses forces sur Taris, qu'il connaissait bien. Là-bas, sommeille désormais le Résilience, caché avec soin pendant les réparations difficiles. Le gros de ses troupes y est également stationné, le Darth Vaelfar Zher n'ayant ramené avec lui qu'une troupe d'infanterie et des pièces d'artillerie mobile.

Désormais, Vaelfar a repris ses anciens objectifs. Il oeuvre depuis à développer des moyens mobiles, et a ordonné à ses troupes sur Taris de reprendre les recherches sur l'arme bactériologique. Reformant peu à peu ses troupes locales, les recomposant en petits commandos lourds, il attend avec impatience le moment où il pourra prendre sa revanche.

Parmi ses projets les plus récents, on peut trouver le développement de projectiles de type "Essaim", des missiles se divisant en de multiples autres petits engins et pouvant être configurés tant pour suivre des cibles aériennes que pilonner des zones terrestres. Également, ayant toujours été un grand adorateur des varactyls, il a entrepris d'en faire importer pour tester une forme de troupes montées. Ces deux éléments sont toujours à l'essai.